(Suite)

Quand un des gardes réveilla Graham, celui-ci geigna doucement en demandant gentillement qu'on lui foute la paix. Mais le garde ne lâchât pas l'affaire en pensant qu'on devait le porter pour le faire bouger.
Le jeune sorcier se sentit soulevé par l'homme et il surtsauta
"Wowowow ! Lâche moi toi..."
Il repoussa le garde qui le reposa rapidement, le laissant au milieu de la pièce, parfaitement réveillé.

Réveillé oui, mais pas en forme pour autant. Il ne voyait toujours rien et rester debout consommait le peu de force qu'il avait récupéré. Lorsqu'il posa un pied dehors, toujours les lunettes de soleil sur le nez, en pleine nuit, il sentit l'air d'une jungle tropicale plongée dans la pénombre, et surtout, il entendit la grotte, un long sifflement de vent en sortant et propageant sur le groupe un air froid et montagnard.
"Je crois que nous y sommes..."
dit-il pour lui même

-Béni soit le froid!!

Danael se leva et leva les yeux pour se réveiller. Il avait enfin retrouvé un temps convenable. Il aime le froid. Il l'adore même. C'était un véritable supplices de rester dans ce tambour ou la chaleur était terrible. Il jubillait même.

Alma entreprit sans hésiter de rejoindre l'entrée de la grotte, se sentant mieux que probablement quatre-vingt-dix pourcents du temps la semaine précédente.

À l'intérieur, des piliers sculptés se débattaient contre l'invasion des plantes lumineuses, traçant un chemin vers l'intérieur de la montagne alors que le bruit distinct d'une rivière souterraine se réverbérait contre les parois.

Un garde s'avança. Une porte s'ouvrit.
Gigantesque, peinte aux mêmes couleurs que le tambour, elle s'écarta de leur chemin dans un lourd bruit de pierre.

L'intérieur n'avait rien à voir. C'était peut être l'excitation d'arriver enfin à bon port, mais Alma retint sa respiration, comme émerveillée de la même façon qu'à son premier jour à Poudlard. Et sans doute plus, parce qu'elle était fâchée avec Poudlard le premier jour.

Le bois et la végétation étaient toujours présents, mais pas aussi anarchiques qu'à l'extérieur, les murs de pierre gravés et peints donnaient au hall d'entrée un aspect mythique, sans doute renforcé par la nuit qui empêchait d'observer les détails triviaux et l'absence d'agitation.

Un vieil homme qui devait être le Rusard local se tenait debout dans un coin de la pièce, attendant que tout le monde soit rentré avant de s'exprimer dans un anglais parfait :

"Bonsoir. Le couvre feu étant passé depuis trois heures, j'ai reçu pour ordre de vous conduire à un dortoir dans le plus grand calme. Le directeur vous recevra demain matin à huit heures tapantes, on viendra vous chercher plus tôt afin que vous puissiez prendre une douche et votre petit déjeuner. Si vous avez besoin de quoi que ce soit dans l'immédiat, vous trouverez une torche pour me faire parvenir un message. Si vous voulez bien me suivre."

Le cerveau d'Alma commença à lui murmurer des informations très importantes comme "bordel j'ai pas envie de dormir moi !" ou "ils avaient pas meilleur comité d'accueil ?", avant de lui rappeler qu'ils n'étaient pas les premiers fugitifs à arriver, qu'il était bel et bien minuit trente et que tous les élèves devaient dormir.

Tandis qu'Adrian était écarté du reste du groupe, un garde s'approcha de Graham, le même qui l'avait réveillé.

"Infirmerie ou dortoir ?"

"Dortoir..."
Dit doucement Graham en entendant ses pas résonner. Ils devaient être arrivés. Il était content de ne pas avoir trébuché une seule fois. Il s'en sortait bien, et en plus, si jamais il retrouvait la vue, il se serait entraîner à utiliser ses autre sens, ne le rendant que plus performant.
En attendant, sur le chemin du dortoir, il chercha tout de même la main d'Alma

Elle prit sa main avec aussi peu d'hésitation qu'elle en avait eu à rentrer dans l'école, s'empêchant de trop serrer. Quand on n'a plus vraiment de patience ou de résilience en réserve, on supplée avec de la détermination, ou on s'écroule.

Il y eut une rangée d'escaliers, mais contrairement ceux qui avaient construit Poudlard et plus particulièrement le dortoir Gryffondor, les architectes d'Uagadou avaient eu le bon goût de placer les dortoirs pas trop haut, ou du moins ceux où on les emmenait. Pour les mille ou deux mille élèves de l'école, plus qu'Ilvermorny et Poudlard réunis, il fallait sans doute plusieurs étages de dortoirs.

Alma écarquilla les yeux en rentrant dans leur chambre. Pas tant à cause de ce qu'il y avait dedans que de ce qui n'y avait pas. A savoir un mur de fond. 
La chambre, où quatre lits simples étaient disposés dans chaque coin, accompagnés d'un bureau et d'une malle à vêtements, donnait tout simplement sur le vide. Aucun vent ne perçait à l'intérieur et il y faisait une température agréable, mais quand même.

Rusard-local, comme Alma l'appelait déjà, ouvrit la porte d'une autre chambre juste à côté, puisque celles ci allaient quatre places par quatre places.
Puis il appuya sur un mur, et les deux chambres devinrent magiquement communicantes.

"Je vous laisse là. Ne vous en faites pas pour le vide, on ne traverse pas la barrière."

Il semblait un peu plus aimable que Rusard tout de même.
Mais quand il ferma la porte, Alma entendit clairement le bruit des clés, et se douta qu'il ne voulait pas d'élèves en vadrouille.

"Alma... Il faut qu'on parle..."
Dit Graham en entendant les clefs tourner dans la serrure.
Il frissona un peu et ne pu attendre qu'une réponse de son amie.

"Je t'écoute ?"

Elle leva un sourcil interrogateur vers lui. Les "il faut qu'on parle" pouvaient rendre nerveux des statues, mais elle n'était plus à ça près.

Graham enleva ses lunettes et baissa la voix, revelant ses yeux qui ont repris une forme normale mais qui ne lui permettait toujours pas de voir.
"Alma... Je ne vois plus. Ça à même empiré depuis hier..."

"Alors c'était pour ça que.."

Elle hésita une seconde en le regardant dans les yeux, et l'amena derrière l'un des paravents qui séparaient les différents lits de la chambre. Il avait parlé à voix basse, il ne tenait pas à ce que les autres l'apprennent tout de suite apparemment.

Peut-être avait-il au moins bien fait d'attendre qu'elle se calme avant de le dire, mais en conséquence il avait fait traîner les choses alors qu'agir vite était peut-être important.

"Ça va revenir. Il faut en parler à l'infirmerie, tout de suite, ils sauront mieux quoi faire tu ne crois pas ?... Ne t'inquiète pas, on trouvera une solution."

Elle prit doucement les lunettes de ses mains, et les rangea sur le col de sa chemise à lui, machinalement, tout en réfléchissant.

"Hier, tu voyais le lumos du... soigneur. Est-ce que tu vois celui là ?"

Brièvement, pour ne pas les lui abîmer encore plus, elle fit danser un petit lumos bleu devant ses yeux.
Le gardien avait parlé d'une torche pour faire passer les messages. Il y en avait une près du vide du fond, avec sous elle un espèce de grand chandelier dont on aurait remplacé la bougie par un creux rempli de poudre.

Danaël entra dans son dortoir, seul. Il aime bien cette vue, dommage qu'on ne puisse la traversée. Il aurait bien eu envie de voler un petit peu. Mais bon, il est crevé et il vient se vautrer dans son lit. Il avait sommeil.

"Hey... Calme toi..."
Contrairement à la derniere fois, il ne perçu même pas le Lumos
"Je ne vois rien... mais ça vas passer... Ne le dit à personne s'il te plait... Personne ne doit savoir. "
Il posa sa main sur la joue d'Alma pour lui caresser un peu avec le pouce, surement pour l'apaiser.

Chimene avait déjà dormi tout le voyage, elle n'était plus vraiment fatiguée. Lorsqu'elle aperçut la façon dont le dortoir était construit, elle eut des frissons jusque dans les doigts de pieds. Elle avait une certaine peur du vide et elle sentait que cela n'allait pas l'aider, alors elle tendit la main vers l'extérieur, ne serait-ce que pour vérifier qu'il n'y avait pas de risque de tomber.

Elle se posa dans un lit au hasard et retira ses chaussures, puis murmura l'incantation "avis" (29), ce qui fit apparaître une nuée de petits oiseaux autour d'elle. En provoquant, accessoirement, un son de coup de pistolet, mais elle semblait s'en ficher.

"Je vois que tu étais super motivé à la prendre, cette potion", grommela-t-elle à l'intention de Danaël alors qu'elle pointait sa baguette vers les oiseaux.

-Passe la alors. J'en ai plus que marre que vous me prenez pour une infâme crevure. 

Danaël ne leva même pas la tête vers Chimène, il est assez énervé pour cela.

Chimene lui envoya le regard le plus noir qu'elle ait en stock.

"Premièrement, si j'étais sûre à cent pour cents que tu étais une infâme crevure, je t'aurais buté. Deuxièmement, si tu ne voulais pas qu'on se méfie, peut-être que ne pas tenter de nous tuer aurait été un bon début."

Elle alla chercher la potion et la posa sur le lit de Danaël, se retenant juste au bon moment pour ne pas la lui lancer dessus.

-Je n'ai jamais tenté de vous tuer. Je le jure et je vais te le prouver que je dis vrai.

Il déteste qu'on le force la main. Il prit la potion et l'avala d'une traite. Il se retient de vomir car il déteste son gout. Il n'aime pas cette potion.

-Satisfaite ? Il faut attendre maintenant qu'elle fasse effet... Punaise, je déteste ça. Il se posa sur son lit, la tête bien sur l'oreiller. Il avait des fois des effets secondaires avec cette potion...

"Tu ne vas rien me prouver du tout. Que ce soit voulu ou non, l'homicide involontaire, c'est aussi puni par la loi. Tu crois que si tu ne renverses aucun gamin, ça te donne le droit de conduire à 90 en zone 30 ? Que tu nous aies voulu morts ou pas, tu n'en avais visiblement rien à foutre de notre sécurité."

Elle serra les dents pendant une seconde.

"Arrête de jouer les victimes tout de suite."

-Je ne joue pas la victime... Je ne savais pas que d'une part mon père était là et d'autres parts, mon arrière grand-mère aurait pus prendre quelques d'autres. C'est pour cela que j'ai fais au plus vite dans le coffre fort. J'ai piqué 3 baguettes et j'ai essayé de vous les rapporter mais mon père est rentré au pire moment! J'ai donc fais glisser les baguettes jusqu'à ceux qu'il n'en avait pas. J'ai ensuite attendu, attentif aux paroles de mon père et de ma vieille. Dès que j'ai u que cela dégringolait, j'ai envoyé un stupéfix en plein sur mon père pour l'empêcher de vous attaquer. Il avait déjà commencer à tracer des runes... Je l'ai donc interrompus dans son incantation. J'ai essayé de passer votre sécurité avant tous. Moins de temps on passait là-bas, plus on avait de chance de s'en sortir!

Chimene eut un grand sourire faux.

"Oooh, pardon alors, j'imagine que ça t'excuse pour avoir emmené deux nés moldus dans la maison d'une femme qui les déteste, même tellement qu'elle aurait très bien pu nous tuer sur un coup de tête ? D'avoir même insisté alors que je ne voulais pas venir, alors que la maison contenait même des dispositifs de sécurité qui auraient pu me dissoudre ? J'imagine que ça t'excuse pour nous avoir mis dans cette situation en premier lieu quand on aurait pu aller acheter des baguettes en France, en nous faisant croire que c'était moins dangereux ? Je devrais t'excuser pour avoir créé cette situation, parce qu'après tout tu nous en a sortis ? C'est ça ?"

-Je n'ai pas dis ça! Bordel, les dispositifs ont changés, je savais pour les moldus mais pas pour les sorciers ayant des parents non moldue. J'ai pensé que c'était la meilleur solution! J'ai insisté pour que tu viennes car je vous voyais déjà vous disputer. J'ai eu tord sur ce cas, je l'admets! Et non pour acheter des baguettes en France aurait été encore plus risqué car pour moi, on est déjà recherché et les marchands de baguettes doivent déjà grouiller de mangemort!

Elle sourit, plus ou moins.

"Désolée. Ce n'est pas le genre de chose qu'on apprend dans le plus grand des calmes.. mais je fais un effort. Je ne le dirai pas."

Elle n'avait pas tant eu l'impression de perdre son calme avant qu'il ne le lui dise. Elle était plutôt partie dans l'idée d'agir vite, mais le choix revenait à Graham.

"Mais est-ce que tu ... ? Enfin, tu arrives déjà à matérialiser ta magie sans baguette, mais régulièrement depuis Liverpool j'ai des sortes épisodes. C'était quelque chose que je voulais étudier aussi, d'ailleurs. Quand il fait noir ou que je suis sous pression, il arrive que ma magie compense ma vue, comme quand j'étais petite. Je pense être en mesure de le déclencher chez moi même.. Je pourrais essayer de te montrer, si ça dure."

Une dispute résonnait dans la chambre d'à côté, lui arrachant une grimace.

"Si tu admettais que tu avais tort, tu ne serais pas en train de tenter de te justifier par tous les moyens, ni de jouer le pauvre héros honni que tout le monde accuse malgré son innocence. Et tu n'agirais pas comme si ce n'était rien. Tu crois que je ne remarque pas comme tu diminues l'importance des vraies accusations ?"

Elle soupira.

"Bref, tu me donnes mal au crâne, posons ces questions et finissons-en."

-Mais oui, c'est ça. Tu as raison, allez. Finissons en, tu m'énerves! J'attends les questions.

Chimene se retenait de toutes ses forces pour ne pas transformer ses oiseaux en missiles. Au lieu de cela, elle en attrapa un et commença à le tapoter avec sa baguette.

"Que quelqu'un s'occupe de ça à ma place."

"J'aimerais essayer... Mais plus tard..."
Il rit un petit peu, même si la situation elle, ne s'y prêtait pas.
"Tu comprendra que lancer un sortilège maintenant est impossible pour moi."
Il la prit par la hanche et resta silencieux quelques seconde avant de reprendre sur un ton fatigué.
"Tu as étudié un peu nos trouvailles d'Égypte ? Ou on piétine encore ?"