C’est en observant la tenue des autres qu’elle se rendit compte de la sienne, une sorte de combinaison moulante sombre qui remontait jusqu’à son cou, traversée de lumières vertes parcourant son corps, comme un flux sanguin. Elle avait toujours sa bonne vieille veste courte, mais elle se sentait quelque peu nue dans cette tenue, habituée aux vêtements courts mais pas moulant. Ses chaussures, des grosses bottes dans le même style qui semblaient rattachés à sa combinaison, lui paraissait lourdes aussi, et elles avaient très... techniques. Elle avait toujours son sniper, qui ressemblait maintenant à une sorte de mélange entre un sniper et un fusil, avec plusieurs canons et qui semblait à la fois plus et plus léger, elle ne saurait dire. Elle avait aussi une ceinture, attachée à la combinaison tout comme ses bottes, à laquelle entait accroché un flingue qui n’avait rien à voir non plus avec le sien, plus lourd et plus sophistiqué.

Vaam s’y connaissait en technologie, mais elle n’avait jamais vu de choses pareilles. Elle ne voyait pas le mécanisme, les rouages, il n’y avait pas d’odeur et pas de bruit, c’était à la fois pareil et complètement différent. Plusieurs émotions se mélangeaient en elle, la colère, la peur, l’angoisse, mais aussi l’excitation, de pouvoir découvrir une toute nouvelle technologie qui avait l’air plus avancée, la soif de nouveautés et de curiosités. 

Elle se tourna vers ses camarades d’infortunes, plus attentive à leurs acoutrements et à ce qu’ils racontaient depuis qu’ils étaient remontés. À part le mec qui l’avait suivi qui venait de New York et la gonzesse au béret qui était probablement celle qui beuglait dans la cave, ils avaient tous l’air retardés et/ou parfaitement crétin, probablement des illuminés qui pensent que les lutins existent ou autre connerie de ce genre. C’était inconcevable pour elle qu’ils puissent venir d’un autre monde ou même d’une autre époque. En fait, elle avait surtout tiqué sur les deux mecs qui les avait traité de prostituées. L’autre elle s’en fichait, mais elle, c’était une autre histoire. Et fit quelques pas pour les toiser.

"Vous avez de la merde dans les yeux ? Vous m’avez bien regardé ? J’ai L’AIR d’une prostitué ? Tsss. Même si c’était le cas, pas même pour tout l’or du monde je ne voudrais me retrouver dans votre lit."

Elle les jaugea un court instant, les regardant de haut en bas. 

"Quelle bande d’imbécile," chuchota-t-elle. Elle se retourna en claquant sa langue. "Et pour répondre à votre question, non, je ne sais pas où nous sommes et ce qu’il nous arrive. J’étais à Londres avant que... avant de se retrouver là. Et vous ?"

Elle s’adressait aussi et surtout à Velvet et Crimbrandt.

Velvet était plus pâle qu'un bloc de glace. Elle tourna un regard absent vers le groupe. Elle ne savait pas comment assimiler ce qu'il se passait, et avait à peine compris que quelqu'un avait posé une question. Après avoir éliminé toutes les pensées qui se bousculaient dans sa tête, elle se rappela d'analyser la phrase, et elle répondit d'une voix très faible.

"Londres..."

Ce ne fut alors qu'elle réalisa ce que la fille avait dit.

"Tu étais à Londres ?! J'y étais. Dans le centre ville."

Tous ses repères n'avaient pas complètement éclaté, au moins.

Crimbrand était ébahi, en regardant en alternance le groupe, ses vêtements, puis la ville, le tout en boucle. Il était perdu, c’était le moins que l’on puisse dire. Être échoué dans un monde comme celui-là, normalement issu de son imagination, ou du moins de celle de George Lucas avec Blade Runner (dont il s’était, il l’avouait, un peu inspiré pour ses romans), le chamboulait complètement. Il y avait tellement de petits détails auquel il avait pensé en écrivant son livre, mais tellement qu’il n’avait pas imaginé, surtout par rapport aux vêtements, et aux paysages en dehors des villes.

Dans son livre, la planète n’était plus qu’une gigantesque ville hérissée de gratte-ciels plus ou moins haut, et l’intrigue reposait sur des plans d’une cité sous-marine perdue. Une sorte d’enquête pour retrouver une atlantide cyberpunk. Au départ, ces livres étaient censé êtres des polars, mais devants les mauvaises ventes, car ses écrits se noyait dans la masse d’ouvrage du même genre, il avait radicalement changé la ligne narrative pour la faire passer à de la Cyber-Fantasy. Maintenant, sa série cyberpunk comprenait un bestiaire issu des jeux de rôles de son enfance hautement modifié par la technologie dans un monde ou la magie avait presque disparue, et une intrigue plus axé aventure.

Il essaya de comprendre les discussions ésotériques du groupe d’homme dont un avec deux oreilles de chien, ou de chat Maine-Coon qui ressemblait à une incarnation bizarre d’un dessin d’une bd japonaise. Ils semblaient venir de loin, d’une ville qu’il ne connaissait pas dans un pays paumé. Surement dans les caraïbes ou près de l’Afrique vu leurs bronzages en ce qui concernait les deux hommes qu’il trouvait assez drôle.

Mais ce fut vers les deux femmes qu’il se tourna pour commencer à parler, vu que celle assez vulgaire et au costume de TRON en plus sexy (et mieux réussi), semblait surtout s’adresser à lui.

"J’étais à New-York, dans mon appartement. Un portail c’est ouvert dans mon salon… Je l’ai touché et je me suis retrouvé là. Je suis Johnatan Crimbrand, célèbre écrivain de Nuage de Rouage "

Il regarda autours de lui et ajouta
"J’étais en 1986… Puisque là on semble plus être en 2012, 2013… "

La situation commençait à l'énerver. Ed n'y comprenait pas grand chose et il commençait à avoir mal au crâne à cause de toutes ces informations. Il faillit rétorquer à la demoiselle que sa tenue pouvait tromper quant à sa profession mais se ravisa. Ce n'était pas le moment et il n'était pas suffisamment con pour l'ignorer. 

-Bon on s'est déplacé dans le temps et dans l'espace? s'interrogea-t-il tout haut. Partant de cette hypothèse, on est dans le passé ou dans le futur là? Non parce que d'où on vient on a pas de trucs aussi... techniques, mais ces bâtiments là on en voit plus depuis des siècles non plus. Et puis surtout... On était en 1203 en Osharie. 

2013 avait dit le gars. Il lui semblait qu'avant le grand déluge, les années étaient chiffrées à 2000 ou 3000. Alors ils étaient peut-être dans le passé mais il ne se l'était jamais imaginé comme ça.

"Bien sûr !" répondit Vaam à Velvet. "Je n’étais pas loin du centre-ville, je m’en éloignais même, pour rejoindre le navire de Lawney."

Les paroles de Crimbrandt et de l’autre gars la firent grincer des dents. New York au moins, elle connaissait, contrairement à Osharie. Elle était déjà prête à le rembarrer, pour lui dire d’arrêter de raconter des bêtises et qu’ils ne pouvaient pas être en 1203, mais l’écrivain, qui avait l’air bien plus net d’esprit, disait venir de 1986. Or, elle était en 1923... Elle prit un moment de réflexion, ce n’était pas possible, si quelqu’un avait trouvé comment voyager dans le temps, elle l’aurait su ! Mais en même temps, ça avait plus l’air d’un accident que d’autre chose, elle était probablement juste tombée au mauvais endroit au mauvais moment... De toute façon il fallait forcémét une explication à leur tenue et au paysage. Elle déglutit. Allait-elle pouvoir revenir chez elle... ?

Elle secoua la tête pour se reprendre. Très bien, elle se retrouvait perdue dans le temps avec des personnes qui venait aussi probablement d’un autre monde -elle avait un peu plus de mal à accepter cette information là- et alors ? Elle avait déjà vu l’âme d’un navire redevenir humaine, ou presque, ça n’avait pas grand chose à voir mais c’était tour aussi surréaliste. Elle ne pouvait pas se permettre d’être négative, ce n’est pas comme ça qu’elle ferra avancer les choses. Elle resta de longues minutes perdue dans ses pensées avant de répondre.

"Et bien, enchanté, Jonathan Crimbandt. Je ne connais pas Nuage de Rouage, vous m’en voyez navré, j’étais moi en 1923... Et je m’appelle Vaam Jasine Aurona Maseri O’Bran. Je ne connais pas non plus Osharie, et je n’en ai jamais entendu parler dans le passé non plus. Peut-être que si nous retournons à l’intérieur nous en saurons plus sur ce qui nous a ammené ici..."

Mest resta perplexe, tant de chiffre. Il commence à essayer de compter sur ses doigts mais c'était trop. Il n'avait pas assez de doigts. Il pesta essayant de visualiser les nombres dans sa tête après quelques secondes, il réussit à faire un semblant de frise dans sa tête. 

-Je n'ai pas vraiment d'idées sur la date d'où je viens, ça doit être vers 2800 ou 2900. Je ne m'en souviens pas trop, par contre, je sais que j'étais en Reyal. Mais contrairement à ici, j'étais dans une région boisée. Je me souviens d'un portail et d'une luciole qui m'a éjecté dedans. C'est dangereux les lucioles maintenant. 

Il regarde son groupe de mésaventure perplexe, il était tous des Zommes. Il secoua sa tête, il ne devrait pas dire quel race il est. Ça risque de poser des problèmes. Il se dit aussi qu'il avait de long nom, comment ils font pour les retenir.

-Vous êtes des Zommes donc, je me nomme Mest, j'ai perdu mon nom de famille. Donc, je n'ai que ce prénom. Je ne connais pas non plus Osharie. 

Mest bougea ses oreilles de droite à gauche de manière alternés. Ça l'aide pour réfléchir.

Velvet amena sa main vers son front, comme si elle avait un terrible mal de crâne. "Navire..." marmonna-t-elle. "Donc tu étais près du canal..."

C'était une vieille habitude de la journaliste, de tenter de reconstituer les événements. Cela dit, la partie logique qui restait se doutait bien qu'elle n'y parviendrait pas. Ils venaient tous d'une époque différente, parfois de lieux dont elle n'avait même pas entendu parler. Tout cela était bien trop surréaliste, et il était inutile de tenter d'y chercher une logique. Si cela pouvait arriver, quoi d'autre ? Elle secoua la tête et se décida à analyser ce que les autres avaient dit. Ce qui la fit couiner intérieurement.

"Johnatan Crimbrand ? Je connais votre livre. Je... j'aime beaucoup." Son expression ne le disait pas forcément, mais ses joues rouges trahissaient son excitation. Elle reprit un air sérieux quand elle se rendit compte que ce n'était pas le moment de jouer les no life.

"Velvet Wellington. Deux-mille cinquante et un. Londres, Angleterre. Journaliste d'investigation. Rédactrice en chef de l'hebdomadaire The Weekly Thriller."

Comme elle avait plus ou moins repris ses sens, son expression était beaucoup plus sérieuse. Elle put également remarquer le changement dans ses vêtements. Elle avait toujours son béret, dieu merci. Mais il était en cuir. Tout comme son ancienne veste en jean. Elle avait également un gilet pare-balle dans une matière qu'elle n'avait jamais vue auparavant, un pantalon plutôt large et un haut noir. Elle déplora le manque de couleurs, de nœuds papillon et de dentelle. Le noir sobre faisait ressortir sa cicatrice.

"Tu es quoi si tu n'es pas un homme ?" Demanda Velvet en se tournant vers Mest. Pitié, pas un hybride.

-Je n'ai jamais dis que je n'étais pas un Zomme... Mais c'est vrai, je ne suis pas un Zomme. 

Il se gratte la tête puis les oreilles métalliques. C'est une curieuse sensation de gratter ses oreilles mais qu'aucune sensation de toucher se créé. Il baissa ensuite ses oreilles comme pensif. Bon, il en avait trop dit, au pire, s'ils l'attaquent, il sait se défendre.


-Je suis un mi homme, mi loup. A vrai dire, j'avais une queue à la base, mais elle a disparut. Je ressemble plus à un zomme maintenant. Enfin, un zomme avec des oreilles de loup...

"Près du canal ? Bien sûr que non, c’est un navire volant, l’Esperia, une petite merveille mais qui fait un de ces boucan... Enfin, enchantée Velvet Wellington, enchantée... Mest. Pour votre gouverne, on dit homme, pas zomme. Bon dieu, j’espère que tout les habitants de votre époque ne sont pas aussi stupides que vous avez l’air."

De tous, c’était vraiment lui qu’elle méprisait le plus. C’était peut-être ces oreilles et cette queue qui le rendait plus idiot, mais pour Vaam il avait tout d’un attardé. Certes, il a l’air de venir d’une époque complètement différente, mais de là à suivre des vulgaires lucioles pour se retrouver là... Il avait l’air très jeune, en plus de ça.

Crimbrand rata un battement de cœur à la seconde ou la jeune femme dévoila son nom entier. Alors même qu’elle commençait à le dire, il le souffla du bout des lèvres, synchronisé à sa voix. Il avait du mal à en revenir. D’ailleurs il n’en revenait pas. Il la passa au rayons X de ses deux yeux bruns, et il percuta peu à peu… Comment n’avait-il pu ne pas la reconnaitre ? (Peut-être à cause de tout ce qu’il se passait actuellement). Elle correspondait trait pour trait à l’héroïne de son roman dont il avait tant de mal à écrire la suite. Il fouilla dans ses poches et sortis ce qu’il semblait être une vitre cerclée d’un morceau de métal fin. Réalisant que tout ce qu’il portait sur lui n’était qu’une évolution plus ou moins exacte de ce qu’il revêtait et avait sur lui avant le drôle d’évènement, il en déduit que cette chose n’était ni plus ni moins que son carnet. Il fit en sorte de l’allumer, en appuyant sur tout les boutons de l’appareil et lorsque du texte s’afficha sur l’écran, il manipula furieusement l’appareil pour retrouver son ébauche de description datant d’il y avait à peine 8 mois. En effet, Vaam apparaissait vers la fin du roman en tant que personnage principal entretenant une relation étrange avec Lawney, le héros, à la fois alliée et ennemie, parfois amante.

"Moi je vous connais Vaam… Lisez ceci…" 

Dit-il en donnant le pad à la jeune femme. Il jeta ensuite un coup d’œil à Velvet.

" Vous êtes journaliste ? "

Il passa la main dans ses cheveux en batailles et souris lorsque la demoiselle mentionna le fait qu’elle aimait beaucoup son livre. Un sourire de triomphe et de joie. Le plus beau cadeau qu’on pouvait faire à un artiste était de lui dire qu’on aimait beaucoup ses œuvres. Alors quand ont lui disait que quelqu’un aimait ses œuvres, mais en 2051… Autant dire qu'elle était déjà pardonner du fait d'être journaleuse.

" Ravis de vous rencontrer mademoiselle. Je suis heureux que vous aillez lu mes livres… Dites-moi, j’espère qu’on garde une bonne image de moi en 2051, et qu’ils ont refait une meilleure adaptation de mon livre que cette série télévisée bidon… peut-être que je suis encore vivant avec les avancées médicales ? Ils ont inventé un remède contre les tumeurs au cerveau ? J’espère vraiment qu’ils vont inventer un remède pour les tumeurs d’ici 6 ou 7 ans… Les scientifiques disent que c’est possible. "

Il avait de l’espoir qu’un jour quelqu’un répare cet affront qui lui avait été fait, en rachetant certains droits du livre à son ancienne maison d’édition pour l’adapter au cinéma. Quant au remède, il n’y croyait pas trop, mais bien que l’idée de mourir à 35 ans le terrifie, il s’était fait une raison.

"Désolé si je parle beaucoup… C’est juste que ce n’est pas vraiment courant de rencontrer quelqu’un qui vie 70 décennies après la sienne." 

Il tiqua lorsque le type aux oreilles de chats les appelais les ‘hommes’. Etait-il misanthrope ? Ou alors il prenait son rôle de chat très au sérieux. Cela l’intriguait beaucoup.

Quand au deux autres avec leurs Osharie… Il se demandait si il venait d’un futur très lointains, d’un passé disparu, une planète lointaine ou tout simplement d’une autre dimension… Dans tout les cas, toute cette petite troupe allait lui servir de source d’inspiration incroyable…

-Et j'espère que tous les habitants de votre monde ne sont pas tous aussi méprisant et hautain que vous! Par Nenon, je ne vous ai rien fait donc soyez plus aimable, je ne suis pas un cabot.

Pour la première fois, son timbre gentil devient acide. Il envoya un regard mauvais à cette dernière, puis, il se retourna pour regarder le groupe. Bon dieu, elle ressemble à Fae celle là, si elle ne change pas, il risque de ne pas savoir se contrôler.

"Oh, mais c’est qu’il mord le toutou, rétorqua-t-elle à Mest avec un sourire en prenant la tablette que tu lui tendait Crimbrandt. Vous ne m’avez rien fait c’est vrai, mais ça ne m’empêche pas de ne pas vous aimer, alors évitez de m’agacer."

Elle se concentra sur la tablette, curieuse de savoir d’où il la connaissait. Vu qu’il venait du futur pour elle, peut-être était-elle devenue célèbre et qu’il avait des documents sur elle ? Elle feuilleta d’abord  ses écrits, mais se rendit rapidement compte que ce n’était pas un document historique mais des écrits, et plus précisément de Lawney. Elle se mit à trembler.

"Qu’est ce que... Qu’est-ce que c’est que ça ?" balbuita-t-elle. 

Plus elle lisait, et plus elle flippait. C’était à la fois beaucoup trop précis et vague, il y avait des notes, des barrures, des informations. On aurait dit... on aurait dit le brouillon d’un boucan. Son bouquin, Nuage de Rouage. Elle apparaissait vers la fin, exactement comme elle avait rencontré Lawney, leur relation, tout. Il lui fallut relire plusieurs fois plusieurs passage, pour avoir vraiment la certitude de ce qu’il se passait. À un moment donné elle se mit à sévèrement flipper et balança la tablette par terre en se tournant vers Crimbandt.

"Qu’est-ce que c’est que cette merde ?! C’est une putain de blague c’est ça ?! Vous vous foutez de moi !! Ce n’est pas..."

Johnatan se pencha pour ramasser la tablette, et l'épousseta.
"Je crois bien que non miss Vaam... Ceci sont les notes de mon livre... Je suis l'écrivain de votre vie... et votre créateur"
Il regarda la jeune femme et fit une courbette remplis de respect
"C'est un honneur de vous rencontrer... "
Cela lui faisait tout bizarre, comme-ci c'était décaler. Il n'arrivait pas à croire qu'il avait créer cette femme. D'ailleurs, il n'y croyait pas. Il pensait plutôt qu'une nuit, il avait du rêvé de la dimension dont été originaire Lawney et... Cette hypothèse capilotracté lui semblait plus correct.

Enchanté ?! Vaam manqua de s’étrangler. D’abord elle se retrouvait dans un autre monde à une autre époque, déjà ça, c’était difficile de faire pire. Mais d’apprendre par dessus qu’elle n’était que la création de quelqu’un, et Lawney aussi... Vaam était prête à hurler, comme toujours, mais elle se ravisa soudainement Oui, après tout... Elle souit à Crimbrandt, d’un doux sourire, et lui rendit sa révérence.

"M-Moi de même. C’est... un peu étrange oui, mais je vous suis reconnaissante finalement, de m’avoir créé, mais surtout d’avoir créé Lawney. Vous auriez pu nous faire quelque chose de moins compliqué mais... Je suis heureuse de notre vie, maintenant."

Elle ajouta, après une petite pause :

"Et puis, vous devez avoir beaucoup de génie pour créer une personne aussi fantastique que moi."

Ça restait tout de même plus que bizarre pour elle. De penser qu’elle n’était pas réelle -et pourtant bien présente, pensante, en chair et en os- et qu’elle était devant son créateur. C’était... intense ? Mystique ? Elle n’avait pas de mot.

"Du génie, bien sur!"
Il rit doucement
"Je suppose que j'en ai puisque on m'a lus 70 ans après la sortie de mon premier tome...Enfin, de notre premier tome. Mais je bloque sur le deuxième actuellement" 
Il se gratta la tête en s'abstenant de lui dire que sans leurs vie compliquée... Le livre ne se serait pas vendu.
"Enfin, sans vouloir vous blesser ou quoi que ce soit... J'espère vraiment que vous n'êtes pas ma création, mais une personne bien réelle venant d'un autre monde que j'ai rêvé pour créer mon livre. Enfin... Je sais pas comment ça se serait passer. J'essaye de comprendre."

Mest ne préféra pas relever et partit un peu plus loin pour se calmer. Mais pour qui elle se prennait cela. Son sectarisme l'énerve. Le loup associe souvent les sectaires aux sylvains, qu'il déteste. Il se posa sur un bidon abandonné. Il inspecta ses bras, quel curieux dispositif, il tapota le fiole à liquide comme pour savoir ce que c'est. 

L'Ulfhedin pouffa quand elle dit qu'elle était une personne fantastique, en plus d'être sectaire, méprisable ; elle avait les chevilles aussi grosses qu'un bœuf. A voir, ils se connaissent, bon; ça va pas être marrant. Mest se sentit seul, détaché de son atmosphère, perdu au milieu d'un monde inadéquate pour lui. Mest entendait tous ce qu'il se passait, ses oreilles étaient modifiées en plus. Le son était plus fort et plus distinct quand il se trouve au loin.

Velvet se crispa dans tout son corps en regardant Mest. Bon sang, elle se retrouvait dans un monde perdu on ne sait où, et il fallait que l'une des personnes qui s'y retrouve avec elle soit une foutue bestiole. Elle soupira et se passa la main dans les cheveux. Ce n'était pas si grave, elle avait juste à lui parler uniquement en cas de besoin, voilà tout. De toute manière, elle avait plus important à penser, comme la discussion qui avait lieue en ce moment.

Elle n'arrivait pas à croire qu'elle rencontrait un personnage de bouquin. Un bouquin qu'elle aimait bien, en plus. Quand elle était enfant voire ado, elle avait certainement dû prier pour que quelque chose comme cela lui arrive. Une fois adulte, elle avait laissé tomber cette idée.

"Wow... incroyable", marmonna-t-elle avant de reprendre son air un peu désintéressé.

"La Vaam du bouquin était un bon personnage, mais pouvait tout de même être sacrément acariâtre. Et violente. Et un peu chiante. J'espère que tu l'es moins. Je t'aimais bien dans le livre, mais je suis pas sûre que ça fonctionne pareil dans la vie."

Elle tourna son regard vers Crimbrand.

"Opérations, chimiothérapie, des greffes de cellules souches aussi. Il y a beaucoup de solutions tant que la tumeur n'est pas détectée en phase terminale. Et oui, le bouquin est toujours lu. C'est normal, il est bon."

Velvet jeta un regard absent vers le ciel.

"Vous croyez que nous sommes tous le personnage de quelqu'un ? Non... ce serait perché."

"Je préfère pas y penser jeune fille... Mais en temps qu'adorateur de Jeu de rôle... Je peux juste dire que c'est plausible"
Il regarda Vaam. La preuve était devant ses yeux.
"Bon... On va pas rester la à jamais non? En plus il fait plutôt froid... J'espère que mes vêtements sont adapté pour la ville... Je pouvais pas vraiment sortir avec ce que je portais sur le dos avant d'arriver ici."

Velvet eut un mouvement de recul visible en entendant "jeu de rôle", mais pour une raison ou une autre, elle décida de ne rien dire. Elle avait aussi, plus accessoirement, tiqué à "jeune fille". Elle avait conscience de faire plus jeune que son âge, mais même là, elle avait l'habitude qu'on l'appelle "jeune femme". Cela dit, elle n'allait pas chipoter.

"Si tout ce qu'on adorait était plausible, il serait plausible qu'il pleuve des clopes. Parce que là j'ai très, très envie d'une clope."

Velvet avait eu beau prier pour qu'on la tire de son quotidien, maintenant que c'était arrivé, elle se sentait beaucoup moins assurée. Elle acquiesça tout de même.

"Ne comptez juste pas sur moi pour marcher devant."

"Vous rigolez ? dit-elle à Crimbdant. Même si ce n’était qu’un rêve il serait impossible de raconter tout ça de mémoire et aussi précisément. Il n’y a pas d’autres explications."

Vaam se tourna vers Velvet. Elle prenait ce qu’elle disait pour un compliment.

"C’est très aimable à vous. Je vous remercie, Velvet Wellington. Je suis sûre qu’on s’entendra bien, moi je vous apprencie déjà."

C’était rare, mais Vaam aimait la tournure que prenait les choses. 

"Passer devant ne me dérange pas, allons-y. Je n’aime pas m’éterniser dans un seul endroit et j’aimerais retrouver Lawney le plus vite possible."

Sans vraiment attendre la réponse des autres elle commença à se diriger vers la ville.

Velvet eut un petit mouvement de recul, et se demanda sincèrement si c'était ironique. Elle détourna les yeux et pressa le pas pour suivre Vaam, elle n'avait pas envie de traîner derrière non plus.

Ed suivit la plus téméraire. Il pensa que c'était le mieux à faire pour l'instant. Une fille qui sortait d'un livre... Il était soit dans un rêve, soit sous l'effet d'une substance inédite. 

-N'empêche, ça pue dans ce monde. 

L'odeur ambiante était belle et bien différente de celle d'Osharie. L'air marin lui manquait déjà. 

-Bon sinon qui est célibataire? Je m'adresse uniquement aux femmes, précisa-t-il par précaution. 

Aucune raison d'attirer l'intérêt de quelqu'un qui ne l'intéresserait pas lui. A vrai dire, il n'était pas vraiment d'humeur à séduire -pour une fois- il était beaucoup trop troublé. Mais il avait envie de détendre l'atmosphère.

Du côté de Velvet, cette question détendit tellement l'atmosphère que tous les muscles de son corps se crispèrent et qu'elle ramena son carnet contre sa poitrine. Elle fit de son mieux pour ignorer Ed tellement royalement qu'un vent glacial serait passé par là s'il n'y avait pas déjà d'autres bruits dans le fond.