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Je le sais comme dans un rêve. [ECRITURE]
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Chayes
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Maître des Jeux/Quelqu'un a dit ellipse ?



MessageSujet: Je le sais comme dans un rêve. [ECRITURE] Je le sais comme dans un rêve. [ECRITURE] EmptyMer 7 Mar - 4:03
À peine les yeux ouverts, une seule pensée : ça va mal finir.
Je connais le dénouement, j'en suis certaine, mais ce n'est qu'une vague sensation quelque part dans mon inconscient, qui libère petit à petit quelques détails insignifiants dans la trame du rêve.
Je suis dans un souterrain et il fait nuit.
Je n'ai aucun moyen de le savoir, assise sur le banc d'une sorte de vestiaire vide et sombre. Je pense à ce carnet qui n'attend que d'être rempli sur ma table de chevet. 

Machinalement, je regarde ma main.
Cinq doigts, parfaitement proportionnée. Il paraît que regarder sa main est le meilleur moyen de vérifier que l'on est dans un rêve et d'y devenir lucide, car la main n'est pas correctement représentée par le cerveau, mais pour moi, dans ces moments là, ça ne marche jamais.

Quelqu'un ouvre la porte, allume la lumière.
Je ne prends même plus la peine d'être en alerte, même si j'ai encore du mal à saisir la situation, même si je crains le pire pour cette nuit, je sais qu'ils ne me voient pas.

Reprends-toi Élie, tu es consciente maintenant..


Une simple phrase de rappel, car j'en ai besoin pour ne pas observer la scène comme une caméra automatique. Doucement, je commence à ressentir mon environnement, et tout le chapelet d'impressions physiques qui y sont liées. C'est humide. C'est oppressant. C'est difficile de rester concentrée, comme ça, au début du rêve.

Ils sont deux.
Le premier, qui a allumé la lumière, a ouvert pendant les divagations de mon esprit ce qui doit être son casier, tandis que l'autre s'est déshabillé nonchalamment en se dirigeant vers les douches. L'autre l'y rejoint, et si le spectacle des deux hommes nus ne me fait ni chaud ni froid, leurs rires, eux, pénètrent lentement ma carapace d'insensibilité contemplative. C'est le premier bruit que j'entends réellement, bientôt suivi de celui de l'eau qui coule, et enfin leur conversation.

Je veux me réveiller.
Ils me donnent envie de vomir, je sais qu'ils ont fait quelque chose de mal. L'un d'eux a une carte de tarot tatouée sur sa colonne vertébrale un peu trop visible, et je le vois cracher par terre, l'air dégoûté entre deux rictus d'hilarité.

"Première fois qu'elle se débat comme ça, le coup du pot d'encre, je m'y attendais pas. Faudrait faire plus gaffe à ce qu'elle achète."

Brusquement, tout me tombe dessus : mon corps et mes émotions retrouvent de la consistance, et je me mets à trembler, une main se portant à ma bouche comme pour m'empêcher de faire un bruit qu'ils n'entendraient pas de toute manière. Je crois bien qu'ils viennent de commettre un viol, et je suis seule, invisible, assise sur un banc à les regarder se laver.

Calme-toi, calme-toi. Lève-toi et pars de ce sous-sol.

Un sourire écœuré vient retrousser mes lèvres tandis que je me frotte les yeux pour éviter les larmes. Je sens un nœud d'angoisse se former dans ma gorge, et me lève après avoir pris la peine de mémoriser leurs visages.
Ils se retournent quand j'ouvre la porte.

"T'avais mal fermé ? Putain j'ai l'impression de devenir parano avec tout ça."

Respire. Ils ne te voient pas, ils ne te voient pas !


Depuis l'encadrement de la porte, j'entends un bruit étouffé, une femme.
C'en est trop pour moi et je m'effondre lorsque je tente un pas au delà du vestiaire.


_____________________________



Dans le flot d'injures qui me traversent l'esprit, je peine à remarquer que je ne suis pas encore réveillée, et pourtant il est beaucoup plus simple de reconnaître tout ce qui relève clairement de l'onirique autour de moi.
Je me sens clouée au sol, chaque mouvement me demande une volonté monstrueuse et je ne peux rien faire d'autre que paniquer et pleurer, autant qu'on le peut dans un rêve, devant le décor pourtant familier de cette salle de classe éthérée, sans doute imaginaire.
Elle ressemble quelque peu à celles de mon école primaire.

Machinalement, je lève la main.
Elle est floue.

"Tu es encore là, toi ? Tu vas arrêter de squatter mes rêves ? Comme si je ne t'avais pas suffisamment supportée au collège."

Je suis prise d'un rire jaune et tremblant, incapable de lui répondre tout d'abord, jusqu'à ce qu'il se décide à me venir en aide, me relevant et me libérant par la même des entraves qui me ralentissaient.
Je pleure toujours, mais j'arrive un peu mieux à me contrôler, et malgré le regard noir que je lui jette, je suis au moins contente de ne plus être seule.

"T'es le pire connard de la terre, ou c'est quoi ton problème ?", je lâche entre deux hoquets. "Je t'ai déjà dit que c'était pas ma faute. Et puis merde, hein. J'ai rien demandé à personne, moi, bordel."

Damien m'observe, consterné. Les relations sociales ne sont pas notre fort, mais je me demande quand même comment il peut regarder quelqu'un fondre en larmes et faire une crise d'angoisse sans sembler éprouver la moindre empathie. Puis je me souviens que nous sommes dans un rêve, mais trop tard, j'ai déjà recommencé à parler :

"J'aimerais bien t'y voir. Toi, tu as juste à m'écouter parler de temps en temps, moi je.. et merde, pourquoi je m'explique à une projection de mon inconscient qui ressemble à une connaissance de collège, hein ?"

Devant sa perplexité grandissante, je crache en guise de résumé :

"J'ai vu deux gars, on était dans ... un vestiaire, et ils parlaient d'un viol. Qu'ils avaient commis. Ils n'ont pas dit grand chose, mais je le sais. Je le sais comme dans un rêve, quoi.
- Oh. Ehm. Désolé, je suppose.
- Tss."

Une ombre humanoïde passe à côté de lui, puis une autre, avant de disparaître dans le flot des consciences endormies. Un animal, aussi, qu'il ne remarque pas.
Il les regarde passer d'un air agacé.

"Restez les mecs, on s'éclate bien ici. Non, vraiment ? Lâcheurs."

Sans prévenir, j'éclate d'un rire encore nerveux, et lorsque j'ai fini et commence à me calmer, je me réveille malgré tout ce qui me restait à dire, tout ce que j'aurais aimé déballer et demander à mon thérapeute de fortune non-consentant.
Comme trop souvent j'attrape mon téléphone qui indique cinq heures et quelques du matin, et vais chercher Damien dans cette catégorie de contacts à qui je n'ai jamais envoyé le moindre message.
Depuis le temps, j'ai même oublié comment j'ai eu son numéro.

Au final, je repose mon téléphone. Tout ce qu'on peut dire en rêve ne compte pas dans le monde éveillé, le Damien que j'y vois souvent est sans doute aussi réel que la salle de classe. Au fond, je l'espère. Si ce Damien est un rêve, les deux hommes et la voix étouffée aussi.

Pour extérioriser, pour faire le compte rendu détaillé, le portrait des criminels de cette nuit, il ne reste plus que mon fidèle carnet sur ma table de chevet, déjà rempli au quart.

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